ÉPHÈSE (CONCILE D’)

ÉPHÈSE (CONCILE D’)
ÉPHÈSE (CONCILE D’)

ÉPHÈSE CONCILE D’ (431)

À la suite de l’agitation provoquée par ses prédications contre le titre de Théotokos (Mère de Dieu) donné par la dévotion chrétienne à la Vierge Marie, Nestorius, patriarche de Constantinople, écrit au pape Célestin pour lui dénoncer ce qu’il considère comme une erreur. Les remous de l’affaire s’étendent jusqu’en Égypte, Cyrille d’Alexandrie à son tour écrit à ce sujet à Nestorius, puis à Célestin lui-même. Celui-ci réunit à Rome un synode (août 430), qui condamne Nestorius et le somme de se rétracter dans les dix jours. Cyrille est chargé de faire exécuter la sentence. Il en écrit donc à Nestorius, ajoutant de son propre chef à sa lettre douze capitula (anathématismes) auxquels Nestorius devra souscrire. Mais l’empereur Théodose II, à l’instigation de Nestorius, a déjà convoqué un concile général qui devra se réunir à Éphèse le 7 juin 431.

Célestin, invité lui aussi par l’empereur, ne viendra pas en personne, mais sera représenté par trois légats. Augustin d’Hippone est invité personnellement, mais il était déjà mort (28 août 430). En fait, à part la présence des légats romains, le concile sera exclusivement oriental.

À la date fixée, n’étaient arrivés que Nestorius et ses suffragants, Cyrille et les Égyptiens, ainsi que les évêques d’Asie. Le 21 juin, alors que tardaient encore les Romains et les évêques de Syrie (Antioche), partisans de Nestorius, Cyrille prend brusquement l’initiative d’ouvrir sans plus tarder le concile. Le 22, quelque cent cinquante évêques se réunissent «dans la grande église appelée Marie», sous la présidence de Cyrille. Il faut remarquer que le pape avait donné à ses légats la consigne d’agir en tout point en accord avec Cyrille, et qu’il écrivait à celui-ci comme au président de l’assemblée. Nestorius refuse de paraître. Après la lecture du Credo de Nicée, on lit la lettre de Cyrille à Nestorius, qui est approuvée solennellement. En revanche, la réponse de Nestorius et des extraits de ses prédications sont bruyamment anathématisés. Celui-ci enfin est condamné, déposé et excommunié «en raison de ses prédications impies».

Mais, le 26 juin, arrivent Jean d’Antioche et les évêques syriens, qui à leur tour se réunissent en concile, déposent Cyrille et Memnon d’Éphèse, et excommunient les autres évêques: les deux conciles rivaux s’excommunient réciproquement!

Le 10 juillet, quand arrivent les représentants du pape, le concile se réunit de nouveau. On reprend toute l’affaire; les légats prennent connaissance des procès-verbaux de la séance du 22 juin et, le lendemain 11 juillet, ils confirment, avec l’autorité du Siège apostolique, la condamnation et la déposition de Nestorius. Le 16 et le 17 se tiennent de nouvelles séances où l’on excommunie Jean d’Antioche et ses partisans; on condamne aussi les erreurs du pélagien Célestius.

Le concile connaît alors ses derniers épisodes. Au début d’août arrive à Éphèse, envoyé par Théodose, le comte Jean, comes sacrarum largitionum (ministre des Finances), avec une lettre de l’empereur qui dépose Nestorius, Cyrille et Memnon, lesquels sont mis en état d’arrestation. Cyrille fait agir les puissants protecteurs qu’il a à Constantinople et auxquels il fait envoyer de riches cadeaux et d’énormes sommes d’or. D’autre part, les Antiochiens acceptent de professer «l’union sans confusion des deux natures» et confessent que Marie est Mère de Dieu: importante concession qui ouvre la voie à l’union des deux théologies. Mais Théodose dissout le concile et renvoie les évêques chez eux. Cyrille et Memnon restent déchus de l’épiscopat. Cyrille cependant est rentré à Alexandrie. Nestorius est remplacé sur le siège de Constantinople par Maximien. Relégué dans son monastère d’Antioche, il sera ensuite envoyé en exil, d’abord en Arabie, puis jusqu’en Libye. Le concile a fini sans gloire...

Des questions se posent à son sujet. D’abord celle de savoir comment apprécier le rôle de saint Cyrille et quel a été le véritable concile d’Éphèse. On ne peut nier que Cyrille ait agi avec précipitation et autoritarisme, qu’il ait forcé la main aux évêques pour obtenir facilement, d’une majorité faussée, la condamnation de Nestorius. Et ses manœuvres après le concile sont à notre gré au moins gênantes! Il est plus difficile de dire, sans nuances, qu’il a été poussé par un zèle partisan et par la rivalité qui opposait Alexandrie à Constantinople. Mais, quant à la validité du concile qu’il a assemblé et des décisions qui y furent prises, il faut considérer que Cyrille agissait comme mandaté par Célestin et que c’est le concile de Cyrille — et non celui de Jean — que les légats romains, d’abord, et ensuite le pape Sixte III, successeur de Célestin, ont tenu pour le vrai concile et dont ils ont approuvé les décisions. C’est dans le concile de Cyrille que l’Église, et d’abord à Chalcédoine, s’est toujours reconnue et qu’elle a reconnu l’expression de sa foi.

On peut se demander en second lieu, si le concile a élaboré une définition dogmatique, et, dans l’affirmative, quelles en sont la teneur et la portée. Certes, le concile n’a pas promulgué de définition de foi, comme l’avait fait Nicée (325), et comme le feront Chalcédoine (451) et tant d’autres conciles postérieurs. Il a condamné et déposé Nestorius. Mais ce fut pour des raisons doctrinales, «à cause de ses sentiments et de ses prédications impies», et «pour avoir blasphémé le Christ». De plus, les évêques ont entendu la lecture de la lettre de Cyrille à Nestorius et l’ont approuvée: on peut donc y trouver l’expression solennelle de leur foi au mystère de l’union hypostatique et en la maternité divine de Marie. C’est bien ainsi que l’ont compris toute la tradition de l’Église indivise et déjà le concile de Chalcédoine. En revanche, la seconde lettre de Cyrille à Nestorius, avec les anathématismes qui l’accompagnaient, a bien été lue devant l’assemblée, mais n’a pas été l’objet d’un vote du concile: elle ne peut donc passer pour représenter officiellement la pensée du concile. D’autre part, enfin, si c’est simplifier les choses que de dire que le concile a défini, au sens formel du terme, la maternité divine de Marie, tout le contexte historique, théologique et spirituel des débats prouve que cette question était au centre des préoccupations de l’assemblée et que la tradition ne se trompe pas en répétant que le concile d’Éphèse a consacré la foi chrétienne à ce mystère.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Ephese — Éphèse Situation d Éphèse en Asie dans l Antiquité …   Wikipédia en Français

  • Ephèse — Éphèse Situation d Éphèse en Asie dans l Antiquité …   Wikipédia en Français

  • Éphèse — (grc) Ἔφεσος, (tr) Efes Localisation Pays …   Wikipédia en Français

  • Concile d'Ephese — Concile d Éphèse Le concile d Éphèse est ouvert le 22 juin 431, par le patriarche saint Cyrille d Alexandrie et rassemble près de 200 évêques. Les lettres de convocation sont adressées à tous les évêques métropolitains de l Empire d Orient et à… …   Wikipédia en Français

  • Concile d'Ephèse — Concile d Éphèse Le concile d Éphèse est ouvert le 22 juin 431, par le patriarche saint Cyrille d Alexandrie et rassemble près de 200 évêques. Les lettres de convocation sont adressées à tous les évêques métropolitains de l Empire d Orient et à… …   Wikipédia en Français

  • Concile d'Ephèse III — Concile d Éphèse Le concile d Éphèse est ouvert le 22 juin 431, par le patriarche saint Cyrille d Alexandrie et rassemble près de 200 évêques. Les lettres de convocation sont adressées à tous les évêques métropolitains de l Empire d Orient et à… …   Wikipédia en Français

  • Concile œcuménique d'Éphèse — Concile d Éphèse Le concile d Éphèse est ouvert le 22 juin 431, par le patriarche saint Cyrille d Alexandrie et rassemble près de 200 évêques. Les lettres de convocation sont adressées à tous les évêques métropolitains de l Empire d Orient et à… …   Wikipédia en Français

  • Concile oecuménique — Concile Un concile (du latin concilium, assemblée), ou synode (du grec sun odos = chemin commun), est une assemblée d évêques de l Église catholique (romaine ou non) ou orthodoxe. Il manifeste une dimension essentielle de toute Église… …   Wikipédia en Français

  • CONCILE — La forme, la fréquence, la structure des conciles ont beaucoup varié au cours de l’histoire de l’Église. Rien d’étonnant à cela: l’Église n’a pas reçu de son fondateur une constitution complète, au sens où l’on parle de la constitution d’un État; …   Encyclopédie Universelle

  • Concile De Bâle — Ferrare Florence Rome Le XVIIe concile œcuménique de l Église catholique commence à Bâle le 23 juillet 1431. Transféré par Eugène IV à Ferrare en 1437 puis à Florence en 1439, il se termine à Rome en 1441. Sommaire 1 Bâle …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”